Volume 135 : Evaluation des effets cancérogènes de l’acide perfluorooctanoïque et l’acide perfluorooctanesulfonique

Le Centre international de Recherche sur le Cancer a le plaisir d’annoncer la publication des résultats de la récente évaluation par les Monographies du CIRC de la cancérogénicité de l’acide perfluorooctanoïque (APFO) et l’acide perfluorooctanesulfonique (SPFO) dans la revue The Lancet Oncology. Cet article résume les conclusions de la Réunion 135 des Monographies du CIRC.

L’APFO a déjà été évalué par les Monographies du CIRC en 2014 (Volume 110) et le SPFO a été évalué pour la première fois lors de la Réunion du Volume 135.

L’APFO et le SPFO sont des substances per et polyfluoroalkylées (PFAS) qui sont extrêmement résistantes à la dégradation. Produit pour la première fois dans les années 1940, l’APFO a été largement utilisé dans la fabrication et les applications des fluoropolymères ; pour les revêtements de surface, en conférant aux produits ménagers, tapis, textiles, produits en cuir et emballages alimentaires, notamment pour animaux, une résistance aux taches, à l’huile et à l’eau ; pour les produits de soins ; pour l’électricité et l’électronique ainsi que pour les matériaux de construction. Utilisé de la même manière que l’APFO dans les cires, les tapis et les emballages alimentaires, le SPFO a, en outre, des applications dans la fabrication des appareils d’imagerie et des semiconducteurs ; dans la photolithographie et la galvanoplastie, ainsi que dans les matériaux d’isolation, les teintures et l’encre. Il entre aussi dans la composition des mousses anti-incendie de classe B telles que les mousses aqueuses filmogènes.

L’APFO et le SPFO sont omniprésents dans l’environnement, avec des niveaux élevés aux sources de pollution telles que les sites industriels et les zones d’entraînement des pompiers, les déchetteries et les eaux usées contaminées. L’APFO et le SPFO peuvent également être présents dans les aliments contaminés, en particulier le poisson, les fruits de mer et les œufs. Les populations exposées professionnellement présentent les niveaux d’exposition les plus élevés, principalement par inhalation. La population générale dans les communautés éloignées des sources de pollution est principalement exposée à l’APFO et au SPFO par le biais de l’alimentation et de l’eau potable.

Les autorités régionales, nationales et internationales ont élaboré des mesures de restriction de plus en plus strictes en matière d’exposition professionnelle, d’utilisation des produits de consommation et de valeurs de référence pour les milieux naturels et l’eau potable. L’APFO comme le SPFO figurent sur la liste des substances polluantes aux termes de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants. Bien que l’exposition directe puisse diminuer grâce aux efforts entrepris, la production et l’utilisation des précurseurs de l’APFO et du SPFO peuvent contribuer à une exposition permanente.

Le Groupe de travail a évalué l’APFO comme « cancérogène pour l’homme » (Groupe 1) sur la base d’indications « suffisantes » de sa cancérogénicité chez l’animal de laboratoire et d’indications mécanistiques « fortes » que l’APFO présente de multiples caractéristiques clés d’agents cancérogènes chez les individus exposés. Les indications étaient « limitées » chez l’homme pour le cancer du testicule et le carcinome cellulaire rénal. Le SPFO a été évalué comme « peut-être cancérogène pour l’homme » (Groupe 2B) sur la base d’indications mécanistiques « fortes ». Il y avait des indications « limitées » de sa cancérogénicité chez l’animal de laboratoire et des indications « insuffisantes » chez l’homme.

L’intégralité des évaluations scientifiques sera publiée dans le Volume 135 des Monographies du CIRC.

Zahm S, Bonde JP, Chiu WA, Hoppin J, Kanno J, Abdallah M, et al.
Carcinogenicity of perfluorooctanoic acid (PFOA) and perfluorooctanesulfonic acid (PFOS)
Lancet Oncol, Publié en ligne le 30 novembre 2023 ;
https://doi.org/10.1016/S1470-2045(23)00622-8

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