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Nous avons le plaisir d’annoncer la publication des résultats de la récente évaluation par les Monographies du CIRC de la cancérogénicité de l’essence automobile et certains additif oxygénés pour essence dans la revue The Lancet Oncology. Cet article résume les conclusions de la Réunion 138 des Monographies du CIRC.
L’essence automobile, le méthyl tert-butyl éther (MTBE), l’éthyl tert-butyl éther (ETBE), l’alcool tert-butyl (TBA), le diisopropyl éther (DIPE) et le tert-amyl méthyl éther (TAME) se sont vu attribuer une priorité élevée par le Groupe consultatif sur les priorités des Monographies du CIRC pour 2020–2024. L’essence et le MTBE ont été précédemment évalués respectivement dans les Volumes 45 et 73 des Monographies du CIRC. Il s’agissait de la première évaluation pour l’ETBE, le TBA, le DIPE et le TAME.
L’essence automobile est un produit commercial et un mélange complexe principalement utilisé comme carburant dans les moteurs à combustion interne. Bien que la composition de l’essence ait évolué dans le temps, ses composants types sont des hydrocarbures dérivés du pétrole volatiles, mélangés à différents additifs. L’exposition de la population générale et l’exposition professionnelle se produisent principalement par inhalation des vapeurs d’essence. L’exposition professionnelle se produit au cours de la production et du transport de l’essence ou lors du ravitaillement en carburant. Les pompistes de station-service sont exposés à des niveaux d’essence plus élevés que la population générale. La présente évaluation n’inclut pas l’essence utilisée dans la marine ou l’aviation, les gaz d’échappement des moteurs à essence, le diesel et les gaz d’échappement des moteurs diesel.
Le MTBE, l’ETBE, le TBA, le TAME et le DIPE sont des composés volatiles utilisés comme additifs oxygénés dans l’essence afin d’accroître l’efficacité de la combustion, et plus couramment depuis l’élimination du plomb. Tous les composés à l’exception du TAME sont des produits chimiques avec un volume élevé de production. Le MTBE et l’ETBE sont les produits ayant été les plus largement utilisés, historiquement aux Etat-Unis et actuellement avec les concentrations les plus élevées dans certains pays d’Europe et d’Asie. Ces produits chimiques ont été détectés dans les eaux souterraines contaminées par les fuites de réservoirs de stockage souterrains et dans l’air pollué par l’évaporation de l’essence et les émissions dues au trafic. L’exposition des travailleurs peut avoir lieu pendant la production de ces produits et par les vapeurs d’essence qui contiennent ces additifs. L’exposition professionnelle a été mesurée chez les opérateurs de navires pétroliers et de citernes ferroviaires, les réparateurs et les inspecteurs de pompes à essence, les pompistes de station-service et les mécaniciens automobile. L’exposition de la population générale est principalement due aux vapeurs d’essence dans les stations-service, à la pollution de l’air ou à la contamination de l’eau et du sol par des déversements d’essence.
Le Groupe de travail a évalué l’essence automobile comme « cancérogène pour l’homme » (Groupe 1) sur la base d’indications « suffisantes » de cancer chez l’homme et de la combinaison d’indications « suffisantes » de cancer chez l’animal de laboratoire et d’indications mécanistiques « fortes » chez les humains exposés. L’essence automobile provoque le cancer de la vessie et la leucémie myéloïde aiguë chez l’adulte. Les indications étaient « limitées » pour une association causale entre l’essence automobile et la leucémie lymphoblastique aiguë chez l’enfant, et le lymphome non hodgkinien (notamment la leucémie lymphocytaire chronique), les myélomes multiples, les syndromes myélodysplasiques et les cancers de l’estomac et du rein chez l’adulte.
Le MTBE et l’ETBE ont tous deux été classés comme « peut-être cancérogènes pour l’homme » (Groupe 2B) sur la base d’indications « suffisantes » de cancer chez l’animal de laboratoire. Les indications mécanistiques étaient « limitées » dans les systèmes expérimentaux pour le MTBE et « fortes » pour l’ETBE. Le TBA, le DIPE et le TAME ont été évalués comme « inclassables quant à leur cancérogénicité pour l’homme » (Groupe 3). Pour tous les additifs d’essence oxygénés, les indications relatives au cancer chez l’homme étaient « insuffisantes ».
L’intégralité des évaluations scientifiques sera publiée dans le Volume 138 des Monographies du CIRC.
Turner MC, Godderis L, Guénel P, Hopf N, Quintanilla-Vega B, Soares-Lima SC, et al. Carcinogenicity of automotive gasoline and some oxygenated gasoline additives Lancet Oncol, publié en ligne le 21 mars 2025 ; https://doi.org/10.1016/S1470-2045(25)00165-2
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